Despote est celui qui, commençant d’abord par penser et prendre des initiatives pour un autre, parvient finalement à priver cet autre de la capacité à s’orienter de son propre chef. Cet état de privation n’est pas de part en part politique. On observera qu’il relève aussi, et même d’abord, d’une économie des mœurs. En ce sens, il a une dimension morale. C’est en tenant compte de cette dimension qu’on définira l’émancipation. Il s’agira dès lors non pas de réserver l’usage de ce mot à une perspective d’issue politique mais de le lier à l’expérience d’une certaine désertion.
Les séances ont lieu à Césure (ancien campus Censier), 13 rue Santeuil, 75005 Paris (accès par les métros Censier-Daubenton, ligne 7, 4 min à pied ou Saint-Marcel, ligne 5, 10 min à pied) à 18h les mercredi 29 janvier (salle 379), 12 fébrier (salle 381), 26 février (salle 379), 12 et 26 mars (salle 378) et 09 avril (salle 378) 2025.
Poser la question « qu’est-ce que faire dans l’urgence ? », ce n’est pas s’engager à dire que faire. Il ne s’agira donc pas dans ce séminaire 2024 qui fait suite à celui de 2023 de proposer un programme d’action mais, justement, de définir le champ de pertinence de cette notion même d’action. La façon dont elle a de longue date occupé nos esprits occidentaux nous a rendus quelque peu inattentifs aux enjeux d’une autre, mésestimée en conséquence, celle de construire, de fabriquer et par extension d’opérer. Pour repérer en quoi ces enjeux sont en quelque sorte malgré nous toujours les nôtres, il nous faudra revenir avec bienveillance sur quelques unes des propositions de la modernité artistique. Cette sorte de retour est aujourd’hui devenue paradoxale. Elle ouvre pourtant une voie pour comprendre avec quelque profondeur les exigences qui s’impliquent dans des formules d’allure simple comme : faire bien, faire mieux, faire bel et bien. Cette dernière expression fait l’objet d’un refoulement particulier dans la pensée avec laquelle l’occident a, entre autres, organisé l’industrialisation du monde.
2023 Présentation :
Les savoirs dispensés par l’écologie et la climatologie mettent aujourd’hui l’humanité dans l’urgence. Mais que nous signifie ce mot ? Quelle exigence nous adresse-t-il ? Il n’est pas nouveau. L’idée d’une fin du monde s’est déjà présentée dans l’histoire. Pouvons-nous tirer des pensées d’alors un enseignement quand bien même nous sommes enclins à considérer (mais n’est-ce pas là le principe de l’urgence?) que ce qui est susceptible de nous arriver est incomparable ? L’hypothèse de ce séminaire, c’est de répondre positivement à pareille question. Il s’agira en conséquence, en prenant appui sur une tradition qui a fait de l’imminence mais aussi de l’espérance une affaire, de se demander non pas exactement ce que nous pouvons faire dans l’urgence, mais ce que peut être le champ de cette interrogation : qu’est-ce que faire dans l’urgence ? De quel ordre ce faire peut-il être ?
Il s'agira cette année non pas de justifier, mais de comprendre la tendance de la vie sociale à prendre le pas – à s'étendre – sur ce que, suivant Hannah Arendt, il est possible d'appeler d'un côté la vie privée, de l'autre la vie publique. Cette tendance se traduit par un certain nombre d'encombrements. Elle fait moins espace qu'étendue. Je l'expliquerai notamment en évoquant la modification, sinon même la mutation, qui s'est produite au siècle dit des Lumières, dans la compréhension de la notion d'utilité. Cette modification, cette mutation sont particulièrement lisibles dans le travail d'écriture de la pensée qu'ont réalisé les Encyclopédistes. Elles ont été remises en question, non sans difficulté et dans une limite à repérer, par ceux qui ont fait et pensé la modernité de l'architecture et du design.
2021 Présentation :
Les espaces supposés « publics » sont le plus souvent mal nommés. Ce sont moins des espaces que des environnements, et ils sont plus sociaux que publics. Qu’est-ce à dire ? Qu’est-ce que cette différence entre le social et le public ? Et pourquoi le premier terme est-il moins prisé que le second ? Après le séminaire de 2020 qui montrait comment et pour quelles raisons on peut tenir à la distinction du privé et du public, mais aussi comment et pourquoi cette distinction est archéologiquement constitutive de la spatialité, celui de 2021 prendra le parti de chercher, positivement pour ainsi dire, les qualités spatiales possibles d’un monde à vie sociale développée.
2020 Présentation :
Les espaces que souvent aujourd’hui on dit « publics » le sont-ils réellement ? Mais qu’est-ce que cela veut dire « réellement public » ? Et pourquoi et en quoi faudrait-il au public un espace ? Pourquoi dire ici « espace » et non pas « sphère » ? Quelles sont les caractéristiques de cette spatialité par hypothèse en jeu ? Le séminaire partira d’une double supposition. La première, c’est que l’espace dont il est question ne peut être pensé à soi seul : il n’existe qu’en relation avec un autre, qu’on dira « privé » en expliquant, bien sûr, ce choix terminologique. La deuxième, c’est qu’il y va d’un tort : les espaces supposés « publics » sont le plus souvent mal nommés. Ce sont moins des espaces que des environnements, et ils sont plus sociaux que publics. Qu’est-ce à dire ? Qu’est-ce que cette différence entre le social et le public ? Comment se fait-il non seulement qu’on appelle l’un pour l’autre, mais qu’on puisse le faire ? Y a-t-il importance, et laquelle, à lever cette confusion ?
Le séminaire est organisé avec le soutien du Collectif Bam
2015-2016. Art ou science
Une certaine liaison art/science est aujourd'hui de part et d'autre revendiquée, tant dans l'institution des laboratoires scientifiques que du côté des arts. Est-ce affaire d'opportunité ? En vérité, l'expression « arts et sciences » implique une assez longue histoire. De la permanence des vocables dans cette histoire, peut-on conclure à celle des idées ? Rien de moins sûr. Un temps au moins, l'idée d'art comme celle de science se sont plutôt dissociées. Sommes-nous en train de laisser ce temps derrière nous et, si oui, pour quelles raisons ? La seule façon d'examiner sérieusement ces questions est de chercher, à contre-temps des opportunités actuelles, ce qui a bien pu justifier l'hypothèse d'une alternative. En suivant notamment, mais pas seulement, un propos majeur dans cette histoire, celui d'un Kant opérant aussi bien une certaine clôture du siècle des Lumières qu'une certaine ouverture au monde du XIXème siècle, je tenterai de montrer que cette dernière hypothèse se lie substantiellement à celle d'une capacité de « l'imagination » susceptible de se trouver sans commande et d'être, en tant que telle, redoutée. Cette capacité, c'est celle de faire « schèmes ». De quelles activités, activations ou opérations ces termes, imagination et schème, sont-ils potentiellement les noms ? En quoi font-ils enjeu aujourd'hui encore quand bien même on n'y pense apparemment pas ? Ces questions sont elles-même motivées par des études doctorales en cours. En cherchant à préciser ce qu'il peut en être du schème, il s'agira de fait de poursuivre une réflexion que le programme précédent dit « arts et industries » (2011-2015) avait rencontré sans tout à fait la développer, celle de l'expérience esthétique comme expérience sans concept ou expérience de « formes ». À la valeur de ce dernier terme, le design s'est, comme on sait, articulé dans son histoire.
2010-2015. Arts et industries
Le design est aujourd'hui l'objet d'une demande. Cette demande a beau converger sur le mot de « design », elle a besoin d'être clarifiée. Je propose, à titre de base pour la prochaine recherche, de considérer qu'elle signale une situation de ré-actualisation des rapports art/industrie. Cette situation fait fond sur le sentiment que la connaissance disponible quant à la conception et à la réalisation des conduites industrielles ne suffit pas à entretenir un monde commun et, selon l'expression aujourd'hui consacrée, « durable » (« sustinable »). L'enjeu de chacun de ces termes reste à mon sens l'affaire d'une discussion possible et d'autres propositions, évoquant notamment les valeurs du « renouvelable » et du « juste », mériteront sans doute un exaid="tempsappareils"men au moment où il s'agira de détailler, dans un séminaire par exemple, les éléments contextuels du présent projet. D'une certaine manière, ce projet vise à produire l'analyse de la demande de design que je viens de signaler. Pour cela, j'envisage d'explorer les champs ou chapitres suivants...
2006-2008. Les formes de l'urbanité
Les appareils d'enregistrement et de fabrique d'images qui se sont développés et diffusés depuis le XIXème siècle sont des inventions non seulement pour la technique mais encore pour la perception. C'est un enjeu que de réfléchir, d'une manière à la fois plastique, critique et théorique, par la production d'oeuvres et de documents, par des études de cas, par des formulations conceptuelles, aux façons dont les nouveautés s'installent et s'avèrent dans des « régimes perceptifs » caractérisables. La variété de ces régimes conduit à formuler des hypothèses concernant d'une part les « articulations » de la sensibilité et de la corporéité, d'autre part les manières d'être, les relations, les moeurs, l'urbanité...
2006-2007. Séminaire Modernités
Les archives du séminaire ne sont plus consultables sur le site de l'IRI (Institut de recherche et d'Innovation)-Centre Pompidou. Le projet était :
Caractériser la phase historique où nous nous trouvons à l’aide de termes comme «| post-moderne » ou « post-industriel » ne nous aide pas fondamentalement à comprendre et à repérer ce qui se passe. La réception et l’usage de ces termes donne tout de même une indication sur le fait que nous ne pouvons plus considérer le « moderne » et l’« industriel » comme allant de soi. Faut-il que nous revenions définitivement sur les illusions du progrès ? N’avons-nous pas plutôt affaire à une sorte de mise à nu de la modernisation, à son « désenchantement » ? Autre hypothèse encore : est-ce la nature même des processus en cours qui change de registre ? Ou qui se déplace ? Le processus industriel contemporain qui se dé-localise et se re-localise, qui change d’objets et de domaines de valorisation n’est-il pas lui-même aujourd’hui « déplacé » et incapable d’organiser la « sociation » ?
2002-2005. Le temps des appareils
Ce programme a été réalisé au sein du CERAP (Centre d'Etudes et de Recherches en Arts Plastiques) Ecole doctorale Arts plastiques, esthétique et sciences de l'art, Université Paris 1 – Panthéon – Sorbonne. Il a été conclu par deux expositions collectives ;
Mai-Juin 2006 : "Le temps des appareils (2)", Centre d'Art Contemporain Faux Mouvement, Metz
Janvier-Février 2006 : "Le temps des appareils (1)", Espace Le Cube, Issy-les-Moulineaux
Définition du concept d'appareil
Journées d'études
1) Le visible et le dicible, questions sur Le destin des images (Jacques Rancière), 28-29-30 mai 2005, Ecole doctorale de l'UFR Arts et sciences de l'art, Université Paris 1. Ces journées impliquent l'exposé de recherches par les étudiants et des présentations de travaux.